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Violences urbaines de Kermoysan : peu d’explications devant le tribunal de Quimper

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Lundi 25 janvier 2021, à Quimper (Finistère), quatre jeunes hommes ont été condamnés pour des violences urbaines à Kermoysan. En septembre 2019, quatorze voitures avaient brûlé.

Le 10 septembre 2019, quatorze véhicules avaient été incendiés dans le quartier de Kermoysan à Quimper.
Le 10 septembre 2019, quatorze véhicules avaient été incendiés dans le quartier de Kermoysan à Quimper. (©Côté Quimper )

Par Matthieu Gain Publié le 25 Jan 21 à 17:12 

Lundi 25 janvier 2021, quatre hommes de 20 à 28 ans ont été jugés par le tribunal correctionnel de Quimper (Finistère). Ils devaient répondre de leur participation présumée aux violences urbaines commises le 10 septembre 2019 dans le quartier de Kermoysan

Ce jour-là, tout a commencé vers 18 h 30 par un rodéo sur une motocross. Un individu, sans casque, roulait à vive allure dans les rues. Il avait abandonné son engin à la vue de policiers et avait pris la fuite.

Une trentaine de jeunes étaient alors arrivés en provenance du centre commercial des 4 Vents pour prendre à partie les forces de l’ordre. Les policiers ont alors essuyé une pluie d’insultes, des jets de pierre et de bouteilles en verre. Deux d’entre eux ont été blessés dont un au visage par un tir de mortier. 

Trois tirs de LBD

Un peu plus tard dans la soirée, les tensions étaient montées d’un cran avec l’incendie de 14 véhicules, boulevards de Bretagne et de Provence, et rue du Poitou. Des poubelles avaient également été brûlées. Sur place, a rappelé la présidente du tribunal, les voitures de police ont été caillassées.

Les fonctionnaires ont dû effectuer trois tirs de LBD pour pouvoir partir. À ce moment-là, les pompiers étaient aussi en intervention. Eux aussi ont dû quitter les lieux. Béatrice DupuisPrésidente du tribunal correctionnel de Quimper.

Face à elles, deux des quatre prévenus ont contesté toute participation à ces violences. À la barre, ils ont tout de même admis « être présents » mais « dans le camp des spectateurs ». Sur des vidéos, ils ont pourtant été identifiés formellement par des policiers ou leurs proches pendant l’enquête.

Les deux autres prévenus, dont un en détention provisoire, ont quant à eux reconnu une partie des faits. Mais ont tenté d’en minimiser la gravité ou leur niveau d’implication. « Je n’ai fait que retourner une voiture. Ce n’est pas moi qui ai allumé l’incendie », assure l’un.

L’autre tente d’expliquer sa participation au nom de la lutte contre les violences policières. L’argument n’ a pas l’air de convaincre le tribunal. 

« Emeutes intolérables »

Certaines réponses – quand il y en a – ont même eu tendance à agacer la présidente et ses deux assesseurs. Même réaction du côté du parquet. Dominique Tailhardat n’hésite pas à qualifier ces violences d’ »émeutes intolérables » commises par « des jeunes qui ont la haine de la police ». 

Je ne veux pas entendre parler de territoires perdus de la République. Si la police ou les pompiers ne peuvent plus aller à Kermoysan, qu’est-ce qu’il va se passer ? Ce sera la loi du plus fort qui va l’emporter. En l’occurrence, un petit groupe de 30 ou 40 individus qui sont à l’origine de ces émeutes. Dominique TailhardatProcureur de la République.

Parmi les victimes, il n’y a qu’une habitante dont la voiture a été incendiée. Son avocate, Me Stéphanie Duroi, s’en est étonnée. « Les autres ne sont pas là car ils ont peur. Ce sont des gens honnêtes qui se retrouvent stigmatisés par le comportement de ces jeunes. »

Deux des véhicules brûlés appartenaient à la mairie de Quimper et à la communauté d’agglomération Quimper Bretagne occidentale. « L’un avait seulement 70 km au compteur », a précisé l’avocate des deux collectivités. La somme réclamée s’élève à 35 000 euros. 

De 10 mois avec sursis à 30 mois ferme

Les sommes évoquées n’ont pas l’air d’effrayer les quatre prévenus. Ils sont pourtant peu insérés dans la vie active. Trois sont demandeurs d’emploi. Ils vivent encore chez leurs parents. Le plus âgé est employé en intérim depuis décembre 2020. Aucun d’eux n’a de gros casier judiciaire. 

La peine la plus légère est de 10 mois de prison avec sursis pour le jeune homme de 20 ans qui avait reconnu avoir retourné une voiture. Le plus âgé des quatre s’en sort avec 18 mois de prison ferme ; cette peine peut néanmoins être aménagée. 

Pour les deux derniers, les sanctions sont plus lourdes. L’homme en détention provisoire reste en prison pour y purger 30 mois ferme. Le dernier a été condamné à 2 ans ferme mais sans mandat de dépôt. 

Enfin, pour mémoire, deux mineurs ont été jugés et condamnés pour cet épisode de violences à Kermoysan. L’un a écopé de 24 mois de prison dont 6 avec un sursis probatoire ; l’autre, à 18 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire. 

Source : le telegramme

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