Me Stéphanie Duroi, avocate à Quimper (Finistère), s’intéresse aux violences sexuelles et intrafamiliales depuis une vingtaine d’années. Pour elle, l’accueil a évolué dans les brigades de gendarmerie et les commissariats de police.
La pénaliste M Stéphanie Duroi, avocate à Quimper (Finistère) depuis 1996, s’intéresse aux violences sexuelles et intrafamiliales depuis une vingtaine d’années. Elle partage son approche sur le sujet.
Comment avez-vous été amenée à vous intéresser aux violences sexuelles et intrafamiliales ?
Au début des années 2000, par le prisme des violences faites aux enfants. C’était par l’intermédiaire de l’Association tutélaire du Ponant.
Avez-vous constaté une évolution dans l’accueil de ces femmes au sein des brigades de gendarmerie et des commissariats de police ?
Pour moi, tout a changé après le Grenelle des violences conjugales, en 2019. Il faut reconnaître qu’il y a eu, à partir de ce moment-là, une grosse prise de conscience sur l’accueil des victimes. Avant, cet accueil existait, mais c’était moins spécifique. Or, c’est justement très spécifique : c’est de l’intime et on ne peut pas avoir la même approche que pour des violences en sortie de boîte de nuit.
Quelle approche est nécessaire ?
Il faut des intervenants et des lieux d’accueil dédiés. Il y a désormais, dans la police et la gendarmerie, énormément de gens qui sont plus sensibles et mieux formés au sujet. Pour moi, il y a deux points importants : l’accueil, car une victime mal accueillie est une victime qui ne reviendra pas. Et l’étayage autour : le conseil de l’avocat, le psychologue, l’assistante sociale, les associations relais…
Comment cela se passait-il avant que cet étayage existe ?
Les victimes se retrouvaient un peu perdues. Du coup, beaucoup ne venaient pas porter plainte, ou retiraient la plainte qu’elles avaient eu le courage de déposer. Maintenant, cet étayage permet de donner des informations à la victime dès qu’elle sort de sa plainte. Les modes de protection judiciaire ont aussi beaucoup évolué : téléphone grave danger, bracelet anti-rapprochement, éviction du conjoint violent…
Qu’est-ce qui peut être amélioré ?
L’accueil peut toujours être amélioré. Et je pense qu’il faut aussi développer la prise en charge des auteurs pour ne pas les laisser dans la nature et limiter la récidive. Il faudrait aussi prendre en charge la vision de la femme : le porno sur Internet, les nudes (photos ou vidéos exposant un corps dénudé et sexualisé, NDLR) sur les réseaux sociaux donnent aux jeunes une vision chosifiée de la femme. Et on n’est pas du tout au point sur ces violences. Il faut prendre conscience de la violence morale et psychologique, d’où l’intérêt de mieux former les médecins et psychologues au recueil et à l’écriture de la parole.
Ouest-France
Pierre FONTANIER.
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